Une étude de la VUB révèle une tendance mondiale sans précédent à la disparition des glaciers
Jusqu’à 4 000 glaciers disparaissent chaque année : une nouvelle étude prévoit un pic d’extinction mondiale des glaciers autour de 2050
Une nouvelle étude internationale, dirigée par l’ETH Zurich et la Vrije Universiteit Brussel (VUB), dresse pour la première fois une cartographie du moment où les glaciers individuels disparaîtront à l’échelle mondiale. Conclusion : le monde se dirige vers une ère d’extinction glaciaire sans précédent.
Selon cette recherche, publiée aujourd’hui dans Nature Climate Change, le nombre de glaciers disparaissant atteindra un pic entre 2041 et 2055. Au cours de cette décennie, jusqu’à 4 000 glaciers pourraient être perdus chaque année.
Les chercheurs introduisent un nouveau concept : le « pic d’extinction glaciaire » (peak glacier extinction), c’est-à-dire le moment où la vague d’extinctions atteint son maximum.
Même dans le scénario climatique le plus optimiste (+1,5 °C de réchauffement), environ 2 000 glaciers disparaîtraient encore chaque année autour du pic. À +4 °C, ce nombre double.
« C’est la première fois que nous avons calculé séparément la disparition de chaque glacier sur Terre », explique l’auteur principal Lander Van Tricht (ETH Zurich / WSL / VUB). « Cela marque un tournant profond pour les paysages, les écosystèmes et les communautés fortement liés aux glaciers. »
Les différences régionales sont importantes. Les Alpes et le Caucase pourraient perdre plus de la moitié de leurs glaciers dans les 10 à 20 prochaines années. L’Alaska, le Svalbard et l’Arctique canadien atteindront leur pic bien plus tard, en raison de glaciers plus grands et réagissant plus lentement.
L’équipe a également examiné combien de glaciers subsisteraient encore d’ici 2100. Les contrastes sont frappants :
- +1,5 °C : près de 50 % des glaciers actuels pourraient survivre.
- Engagements climatiques actuels (+2,7 °C) : seulement environ 20 %.
- +4 °C : moins de 10 %.
Dans les Alpes européennes, il ne resterait peut-être plus que 110 glaciers à +2,7 °C, et seulement une vingtaine à +4 °C. Le glacier d’Aletsch, le plus grand des Alpes, ne subsisterait alors que sous la forme de quelques petits fragments de glace.
« La différence entre 2 000 ou 4 000 glaciers disparaissant chaque année au milieu de ce siècle dépend des politiques climatiques menées aujourd’hui », souligne Van Tricht. « Plus vite les températures se stabilisent, plus nous pourrons sauver de glaciers. »
Les glaciers sont des réservoirs d’eau, des attractions touristiques et des icônes culturelles. Partout dans le monde, des rituels de deuil émergent autour de la disparition de ces géants de glace – des funérailles de glaciers en Islande, en Suisse et au Népal jusqu’à un “cimetière international des glaciers” en Islande.
« Derrière chaque glacier qui disparaît se cachent un lieu, une communauté et une histoire », explique Van Tricht. « Maintenant que nous savons précisément où et quand les glaciers disparaissent, nous pouvons mieux planifier un avenir avec beaucoup moins de glace. »
L’étude paraît à la fin de l’Année internationale des Nations unies pour la protection des glaciers (2025) et au début de la Décennie des Nations unies pour les sciences de la cryosphère (2025-2034). Elle souligne l’urgence d’une politique climatique ambitieuse : un pic d’extinction plus précoce et moins élevé signifie un scénario d’avenir plus porteur d’espoir.
Référence
Van Tricht, L., Zekollari, H., Huss, M., Rounce, D. R., Schuster, L., Aguayo, R., Schmitt, P., Maussion, F., Tober, B., Farinotti, D. Peak Glacier Extinction in the mid-21st Century (2025). Nature Climate Change. DOI: https://www.nature.com/articles/s41558-025-02513-9
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