Trois chercheurs de la VUB reçoivent de prestigieuses bourses ERC Starting Grants
Grâce au soutien de l’ERC, trois chercheurs de la VUB lancent des recherches novatrices sur les inégalités urbaines, le diabète chez l’enfant et l’infertilité masculine.
La Vrije Universiteit Brussel (VUB) se réjouit de l’attribution de trois nouvelles bourses ERC Starting Grants. La professeure Eva Swyngedouw, le professeur Willem Staels et le docteur Tom Dendooven ont obtenu ces prestigieuses subventions européennes pour leurs projets innovants. Leurs recherches, portant respectivement sur les expulsions urbaines, les thérapies curatives du diabète infantile et l’infertilité masculine inexpliquée, renforcent non seulement le paysage scientifique de la VUB, mais apportent également une contribution essentielle à des enjeux sociétaux et médicaux urgents.
Cartographier les inégalités dans la ville
La professeure Eva Swyngedouw, sociologue urbaine, étudie comment les expulsions façonnent les inégalités et la citoyenneté en milieu urbain. Son projet s’intéresse à l’émergence de ce qu’elle appelle des régimes d’expulsion urbaine : l’interaction entre réglementation, politiques et discours moraux autour des expulsions, mise en œuvre par des acteurs comme la police, les huissiers ou les services sociaux dans les villes européennes.
L’étude se déroule à Bruxelles, Amsterdam, Barcelone et Thessalonique – quatre villes aux traditions résidentielles très différentes. En combinant méthodes quantitatives et qualitatives, le projet dresse une cartographie des expulsions : où et pour qui elles ont lieu, ainsi que leurs conséquences pour les familles concernées. Outre l’analyse de milliers de jugements, des observations et entretiens sont menés avec les acteurs impliqués et avec les habitants menacés de perdre leur logement.
« L’urgence sociale est grande », souligne Swyngedouw. « À Bruxelles seulement, on compte en moyenne onze expulsions judiciaires par jour. Une personne sur quatre concernée tombe ensuite dans le sans-abrisme de longue durée. » Elle veut démontrer que les expulsions sont plus que des drames individuels : elles sont le symptôme d’une crise du logement plus large et un moteur important d’inégalités sociales. Grâce à la bourse ERC, elle pourra constituer une équipe internationale et mettre en place un programme comparatif unique sur cinq ans.
Vers des thérapies curatives pour le diabète de l’enfant
Le professeur Willem Staels, endocrinologue pédiatrique (Beta Cell Neogenesis Research Group, Service de Pédiatrie UZBrussel), concentre son projet ERC sur un autre défi urgent : l’augmentation du diabète chez les enfants. En Belgique, plus de 3 300 enfants vivent déjà avec un diabète de type 1, tandis que le diabète de type 2 – jadis appelé « diabète de l’adulte » – apparaît désormais même chez des enfants d’âge primaire.
Ses recherches portent sur la cellule bêta, productrice d’insuline, détruite par le système immunitaire dans le type 1 et épuisée par surcharge dans le type 2. Les traitements actuels sont à vie et ne font qu’atténuer les symptômes. Staels et son équipe explorent comment réparer, renforcer ou remplacer ces cellules bêta, afin que l’organisme puisse de nouveau réguler lui-même la glycémie.
Une piste prometteuse est la thérapie par cellules souches, consistant à développer en laboratoire de nouvelles cellules bêta. Le métabolisme du fer joue ici un rôle clé : ce dernier s’avère être non seulement un élément constitutif, mais aussi un « carburant » essentiel au fonctionnement et à la longévité de ces cellules. En optimisant ces processus métaboliques, les chercheurs espèrent passer d’une prise en charge chronique à une guérison durable.
L’impact sociétal de ces travaux est considérable. Le diabète affecte en permanence la vie quotidienne des enfants et de leurs familles et entraîne à long terme de graves complications. Grâce à la bourse ERC, Staels pourra réunir une équipe internationale et combler le fossé entre laboratoire et clinique. « L’insuline sauve des vies, mais ne guérit pas, » rappelle Staels. « Nous voulons un avenir où les enfants ne seront plus dépendants d’une thérapie à vie, mais pourront vivre à nouveau librement. »
Le rôle du centrosome spermatique dans l’infertilité masculine
Le docteur Tom Dendooven (VUB-VIB) consacre son projet ERC CentRed (Centrosome Reduction) à une troisième grande problématique de santé : l’infertilité masculine inexpliquée. Dans le monde, 17 % des couples sont confrontés à des problèmes de fertilité. Dans un cas sur trois, la cause demeure inconnue, souvent parce que l’embryon est perdu à un stade très précoce suite à des divisions cellulaires défectueuses.
De plus en plus d’indices désignent le centrosome spermatique, un organite paternel essentiel à la première division cellulaire de l’embryon. L’hypothèse de Dendooven est que ce centrosome subit, durant la spermatogenèse, une transformation profonde – la réduction du centrosome – et que des erreurs dans ce processus peuvent provoquer des pertes embryonnaires et l’infertilité.
Grâce à une approche multidisciplinaire – allant de la biologie structurale in situ et de l’histologie aux tests biochimiques – son équipe souhaite cartographier les changements moléculaires durant cette réduction, établir une chronologie du processus et développer un test in vitro pour évaluer la fonction du centrosome dans le sperme d’hommes fertiles et infertiles.
Ces travaux pionniers constituent la première étude moléculaire qui décrypte en profondeur le rôle du centrosome spermatique. À long terme, ils pourraient mener à de nouvelles stratégies de diagnostic de l’infertilité masculine inexpliquée et améliorer les perspectives de traitement pour de nombreux couples à travers le monde.
Trois fois l’excellence scientifique européenne à Bruxelles
Avec l’attribution de trois ERC Starting Grants, la VUB confirme sa position de pépinière d’une recherche innovante et socialement pertinente. Tandis que Swyngedouw analyse les mécanismes des inégalités urbaines, Staels explore des voies pour guérir le diabète infantile et Dendooven met au jour la base moléculaire de l’infertilité masculine inexpliquée. Ensemble, ils illustrent la force d’une science de pointe au cœur de Bruxelles.