Les populations de baleines à bosse du Pacifique Nord menacées par le changement climatique

Les populations de baleines à bosse du Pacifique Nord menacées par le changement climatique

Il ressort d’une étude à long terme sur les populations de baleines à bosse dans l’océan Pacifique Nord que le changement climatique a une incidence négative sur l’espèce.

La biologiste marine Joëlle De Weerdt de la VUB, fondatrice de l’association à but non lucratif ELI-S et coauteure de l’étude, explique : « Les baleines à bosse ont de grandes nageoires pectorales caractéristiques et émettent un chant mélodieux. Elles sont souvent observées près des côtes et sont connues pour leurs sauts impressionnants. Elles migrent également chaque année entre des zones d’alimentation et de reproduction. En effet, les baleines trouvent leurs principales sources de nourriture, le krill et les sardines, dans les eaux froides, mais donnent naissance aux baleineaux dans les eaux chaudes. »

Les baleines à bosse sautent caractéristiquement haut hors de l'eau © Joëlle De Weerdt
Les baleines à bosse sautent caractéristiquement haut hors de l'eau © Joëlle De Weerdt
On peut reconnaître les baleines individuellement grâce à leur nageoire caudale. © Joëlle De Weerdt
On peut reconnaître les baleines individuellement grâce à leur nageoire caudale. © Joëlle De Weerdt

Les recherches scientifiques sur les baleines à bosse n’ont commencé que dans les années 1970 et elles portent principalement sur la dynamique des populations, les mécanismes de repeuplement et les raisons pour lesquelles certaines populations se portent mieux que d’autres. La nouvelle étude, dirigée par Ted Cheeseman de la Southern Cross University en Australie, s’appuie sur un logiciel de reconnaissance de l’IA (https://happywhale.com/) pour reconnaître des photos individuelles de queues. « C’est une sorte de logiciel de reconnaissance faciale pour les baleines », déclare Joëlle De Weerdt. « Après avoir rassemblé les données des populations de baleines à bosse de l’ensemble du Pacifique Nord, nous disposons du plus grand ensemble de données d’identification jamais créé pour une espèce de baleine », note Ted Cheeseman. « Nos résultats montrent un important repeuplement de la population après l’arrêt de la chasse commerciale à la baleine en 1976. En effet, le nombre d’individus estimés est passé de 17 000 en 2002 à 33 500 en 2012. Toutefois, une tendance inquiétante se dessine ces dernières années : la population a enregistré une diminution apparente de 20 % entre 2012 et 2021 (soit une baisse d’environ 7 000 individus). Cela suggère que la population a brusquement atteint sa capacité porteuse en raison de la diminution de proies », ajoute Ted Cheeseman.

Les conséquences du changement climatique semblent avoir joué un rôle important dans le déclin observé de la population. L’étude révèle que la plus forte vague de chaleur marine jamais enregistrée à l’échelle mondiale qui s’est produite en 2014-2016 a eu des répercussions durables sur le repeuplement de l’espèce.

« Ces recherches constituent un signal d’alarme nous incitant à essayer de mieux comprendre l’interaction entre les écosystèmes marins et le changement climatique », fait remarquer Ted Cheeseman. « Elles soulignent à quel point il est urgent de déployer des efforts de conservation efficaces pour protéger cette espèce ainsi que d’autres espèces emblématiques des conséquences du changement climatique. »

 

L’étude a été publiée sous la référence suivante :

Cheeseman Ted al. 2024 « Bellwethers of change: population modelling of North Pacific humpback whales from 2002 through 2021 reveals shift from recovery to climate response ». R. Soc. Open Sci.11 : 231462. https://doi.org/10.1098/rsos.231462


Contact : Joelle De Weerdt : joelle.de.weerdt@vub.be, +32 (0)497712087

Koen Stein
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