La VUB redécouvre une contribution belge à la paix

La VUB redécouvre une contribution belge à la paix

Louis Bara, avocat montois visionnaire, instigateur du droit de prévention de la guerre

Dans le cadre de sa recherche doctorale, l’historien du droit Wouter De Rycke (VUB) a étudié la contribution unique mais oubliée de l’avocat montois Louis Bara (1821-1857) à la campagne internationale pour la paix au XIXe siècle. Selon De Rycke, ses recherches lèvent le voile sur un épisode relativement méconnu de notre histoire : « Au XIXe siècle est apparu le premier mouvement international organisé qui a déclaré la guerre à la guerre, une sorte d’"ONG" avant la lettre. Des juristes tels que Bara voulaient transformer la guerre, la faire passer d’un ultima ratio regum et du droit de conquête qui en découlait, à un ordre mondial fondé sur l’État de droit. » Début octobre, la célèbre revue Journal of the History of International Law a publié pour la première fois l’histoire complète du Belge Louis Bara, l’un des premiers au sein de ce mouvement à tracer la voie d’un jus contra bellum : un droit qui interdit la guerre, comme le prévoit aujourd’hui la charte des Nations unies.

Dans le cadre d’un projet mené par Frederik Dhondt et Raphaël Cahen au sein du groupe de recherche Contextual Research in Law (CORE), De Rycke a étudié de nombreux plans de paix du XIXe siècle, les replaçant dans le contexte de leur époque, alors que le droit international n’était pas encore devenu une branche du droit à part entière. Pour ce faire, il a passé en revue la propagande des premiers pacifistes, dispersée dans de nombreuses bibliothèques et archives d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que des manuscrits survivants à Bruxelles et à Mons. Ceux-ci ont révélé que le juriste belge était un franc-tireur dans bon nombre de domaines importants. « Les membres du mouvement international pour la paix du XIXe siècle sont fort actifs. Ils déposent des pétitions dans les parlements, écrivent aux monarques et aux présidents, et organisent quelques grands congrès dans des villes comme Bruxelles, Londres et Paris. Lors du Congrès de la paix de Paris en 1849, l’écrivain Victor Hugo proclame, sous de vifs applaudissements, le rêve des "États-Unis d’Europe", que l’on connaît encore aujourd’hui. Ce que tout le monde ou presque ignore, c’est que peu après, Hugo a remis un prix à Louis Bara, qui avait utilisé exactement la même expression usuelle dans son propre texte sur la question de la paix. »

Bara rejetait quasiment toutes les solutions juridiques existantes du mouvement pacifiste de l’époque. L’arbitrage obligatoire, les tribunaux internationaux et un parlement international lui paraissaient tout à fait prématurés. La première étape devait être l’affinement scientifique du droit international par des experts juridiques. Il fallait que ces spécialistes procèdent à une évaluation collaborative de l’ensemble du droit coutumier et des traités existants, afin de pouvoir ensuite formuler des propositions de réforme bien fondées à l’intention des États et de leurs diplomates. Il prenait ainsi complètement à rebrousse-poil les nombreux protestants stricts qui peuplaient les organisations pacifistes. Ce n’est qu’après sa mort que les vues de Bara ont été adoptées par les générations suivantes d’ « amis de la paix », qui ont abandonné la rhétorique religieuse d’antan et, comme Bara, résolument opté pour la solution de la paix par le droit.

Cette dynamique s’est traduite à la fin du XIXe siècle par la création des premières institutions et revues scientifiques spécialisées. Au XXe siècle, certains juristes épris de paix ont fait pression pour la création de la Société des Nations et des Nations unies, et pour des traités qui, pour la première fois, ont établi un front juridique contre la guerre comme mécanisme légitime de résolution des conflits.

De Rycke : « Obscur et mort jeune, non dénué d’une certaine illusion de grandeur, nombre de ses idées sont devenues réalité au cours du siècle qui a suivi sa mort. Pourtant, le projet est encore loin d’être terminé. La liste des guerres que les Nations unies et la Cour internationale de justice n’ont pas réussi à prévenir est longue. Il ne faut pas y voir une cause de désespoir, mais un signal fort pour poursuivre un travail séculaire. Peu d’amoureux de la paix comme Bara s’attendaient à connaître la paix mondiale de leur vivant, mais cela ne les a pas empêchés. Pour citer Bara : "Si mon siècle me repousse, j'espérerai en l’avenir !" »

Contact :

Doctorant Wouter De Rycke

[email protected]

Numéro de téléphone disponible sur demande

Faculty of Law and Criminology (RC)

Department of Interdisciplinary Studies of Law (JURI)

Research Group Contextual Research in Law (CORE)

Twitter : @VUB_CORE

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