Étude de la VUB : le réchauffement climatique met en péril la connaissance du système solaire
Une équipe de chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), de l’Université libre de Bruxelles (ULB), de l’École polytechnique fédérale de Zurich et du WSL Birmensdorf constate, dans une étude récemment publiée, que le réchauffement climatique accélère la disparition des météorites en Antarctique. Habituellement, les scientifiques trouvent ces météorites sur la glace du pôle Sud, mais à cause du réchauffement climatique, elles s’enfoncent plus rapidement qu’auparavant sous la surface et disparaissent. Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : une action internationale coordonnée s’impose d’urgence.
Les météorites recèlent des informations importantes sur le système solaire. Elles constituent par conséquent des archives essentielles pour la recherche.
« Les météorites sont des échantillons uniques de corps extraterrestres qui ont beaucoup à raconter sur les origines et l’évolution du système solaire », explique Harry Zekollari, professeur en glaciologie à la VUB. « Elles permettent de mieux comprendre l’évolution de la vie sur terre ou la formation de la lune.
On trouve plus de 60 % des météorites en Antarctique. En raison de l’écoulement de la glace, les petites pierres foncées se trouvent dans des zones très spécifiques de la surface gelée. Cela les rend relativement faciles à détecter à l’œil nu et donc plus faciles à trouver. On estime qu’il y a au moins 300 000 météorites sur la calotte glaciaire de l’Antarctique.
Les recherches menées par la VUB, l’ULB, l’ETH Zurich et le WSL Birmensdorf montrent que cette mine d’informations risque de disparaître.
« La couleur noire typique d’une météorite absorbe plus de rayonnement solaire que la glace sur laquelle elle repose », explique la doctorante Veronica Tollenaar, chercheuse au Laboratoire de glaciologie (GLACIOL, ULB) et collaboratrice académique à la VUB. « Si la pierre se réchauffe, il est possible qu’elle réchauffe également la glace qui l’entoure. La météorite perce alors une sorte de trou et s’enfonce dans la calotte glaciaire. La pierre disparaît sous la surface et devient introuvable. »
Le problème s’accentue d’année en année. Chaque année, environ 5 000 météorites se perdent. Si les températures augmentent, jusqu’à 75 % des météorites pourraient disparaître d’ici la fin du siècle. Il est donc essentiel de déployer des efforts internationaux à grande échelle pour collecter les météorites.
« Étant donné l’immensité de l’Antarctique, les recherches doivent être ciblées », indique M. Zekollari. Veronica Tollenaar ajoute : « Pour notre étude, nous avons combiné un large éventail d’observations satellites à l’échelle du continent et des projections de modèles climatiques à l’aide de l’intelligence artificielle. Nous avons divisé les données collectées en « hotspots », des zones problématiques où nous perdons la plupart des météorites. Nous espérons par là pouvoir coordonner dans les années à venir des missions internationales ciblées de collecte de météorites ».
L’étude est parue dans Nature Climate Change et peut être consultée sur https://www.nature.com/articles/s41558-024-01954-y.
Contact
Harry Zekollari
Harry.Zekollari@vub.be
Veronica Tollenaar
Veronica.Tollenaar@ulb.be