COVID-19: la recherche en ethnobiologie remodelée ?

COVID-19: la recherche en ethnobiologie remodelée ?

Publication de Nature Plants sur la manière dont COVID19 a bouleversé un domaine de recherche

Dans un article de la revue Nature Plants, des chercheurs interrogent l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la recherche en ethnobiologie, un domaine-clef pour la conservation biologique et culturelle à travers le monde. Parmi les auteurs, Farid Dahdouh-Guebas du Département de Biologie des Organismes, spécialiste des mangroves, professeur à la VUB et ULB et maitre d’œuvre du Master interuniversitaire en Biodiversité et Ecosystèmes Tropicaux (TROPIMUNDO) en collaboration avec la ULB et Sorbonne Université entre autres.

L’ethnobiologie étudie les relations du présent et du passé, entre l’homme et son environnement bio-physique, en s’intéressant en particulier aux savoirs traditionnels sur les plantes et les animaux. Transdisciplinaire, l’ethnobiologie est aussi une approche de terrain:  les chercheurs explorent différents paysages biologiques et culturels autour du monde; ils interagissent avec les communautés indigènes et leurs écosystèmes.

La pandémie déclenchée par le virus SARS-CoV-2 bouscule notre monde; la recherche ethnobiologique n’y échappe pas.

Dans un article « viewpoint » publié dans la revue Nature Plants, vingt-neuf chercheurs issus du monde entier pointent plusieurs enjeux : Comment la pandémie affectera-t-elle les communautés indigènes, leurs savoirs traditionnels, leur subsistance ou la gestion des ressources naturelles ? Et comment la crise globale affectera-t-elle les interactions entre chercheurs et communautés locales ?

« Vu le rôle de l’ethnobiologie dans la conservation, la durabilité et l’utilisation éthique de la diversité bio-culturelle, les réponses apportées à ces questions seront cruciales » soulignent les auteurs sous la direction de Ina Vandebroek du Jardin Botanique de New York.

A la tête de l’unité de recherche Écologie des Systèmes et Gestion des Ressources à la Vrije Universiteit Brussel (VUB), Farid Dahdouh-Guebas est un des auteurs de l’article. Il étudie le système socio-écologique de la forêt de mangroves. Zone contenant un faune et flore unique, les mangroves se développent le long des côtes tropicales et jouent un rôle vital pour les populations locales : protection face aux intempéries, elles sont aussi source de revenu et d’alimentation. Il commente qu’au sein de ce type de système socio-écologique, il est inévitable qu’à un certain moment des compromis soient faites entre le respect des mesures bien intentionnées ayant pour but de protéger la santé publique, et la survie au quotidien des pêcheurs locales. Un autre effet de la crise globale pourrait être l’effondrement des marchés. Les marches d’animaux et d’insectes coexistent souvent avec des marchés de nourriture et de plantes médicinales et rituelles, et forment donc une source très riche de transmission et même de production de connaissances locales. Il est donc fort probable qu’une perte en ces ressources ethnobiologiques auront un impact sur les systèmes de production de plantes locales dans des cultures comme dans la nature.

Finalement, pour des chercheurs qui utilisent des méthodes participatives comme approche socio-écologique pour dévoiler les systèmes de connaissances indigènes et locaux, la pandémie pourrait laisser une cicatrice profonde. La panique qu’elle a générée a déjà stigmatisé certains groupes culturels de pays fortement affectés par Covid-19. En plus, comme Covid-19 est perçue (à juste titre) comme mortelle pour des groupes vulnérables – qui sont souvent les participants clefs dans une étude ethnobiologique – des rencontres en face à face deviendront plus difficile. « Nous avons mis nos recherches ethnobiologiques sur la floristique et l’ethnobotanique des plantes utiles et la santé publique au Caraïbes et à New York City et sur le système socio-écologique de la mangrove en Amérique, en Afrique et en Asie, en suspens pour bien réorganiser les procédures d’échantillonnage tout en respectant les règles de distance sociale» précisent Ina Vandebroek et Farid Dahdouh-Guebas.

Selon Vandebroek, “L'une des doublures d’argent de cette pandémie est qu'elle pousse les chercheurs à rechercher des moyens nouveaux et intensifiés de communiquer entre eux et avec le grand public sur les crises environnementales et culturelles mondiales, qui affectent finalement toute la vie sur terre. Nous pouvons offrir un engagement renouvelé à la recherche interdisciplinaire, l'enseignement et la sensibilisation, dans un partenariat équitable avec les communautés locales et autochtones.”

DOI: https://doi.org/10.1038/s41477-020-0691-6

 

Contact (EN-FR-NL-IT):

Farid Dahdouh-Guebas

Systems Ecology and Resource Management

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