Une étude de la VUB révèle l’impact écologique des excréments d’herbivores sur les communautés végétales
Xingzhao Sun, du groupe de recherche Wildness, biodiversity and ecosystems under change de la Vrije Universiteit Brussel (VUB), a étudié les interactions écologiques complexes entre les excréments d’herbivores et les communautés végétales, ce qui a permis de mieux comprendre le rôle des nutriments et des communautés microbiennes dans les écosystèmes.
Pour ses recherches, M. Sun a recueilli des échantillons d’excrétions de cinq espèces herbivores – bison d’Europe, cheval, daim, lapin et vache Highland – lors d’une étude de terrain menée dans le parc national de Zuid-Kennemerland, aux Pays-Bas, au début de l’année 2020. Ces échantillons ont ensuite été analysés en laboratoire pour déterminer leur teneur en nutriments, tels que le carbone, l’azote et le phosphore, ainsi que la composition de la communauté microbienne qu’ils renfermaient. L’étude comprenait également des expériences en serre et à ciel ouvert afin d’observer la façon dont les différentes espèces de plantes réagissaient aux divers types de déjections.
« L’une de nos principales conclusions est que la qualité des excréments varie considérablement d’une espèce d’herbivore à l’autre », explique le chercheur. « Des facteurs tels que la taille, le type de système digestif et les préférences alimentaires contribuent à ces différences. Par exemple, les excrétions de lapin sont particulièrement riches en azote et ont une composition microbienne unique par rapport aux déjections d’autres herbivores. Les lapins ont un processus digestif unique qui les amène à pratiquer la coprophagie : ils réingèrent leurs excréments pour maximiser l’absorption des nutriments. La teneur élevée en azote de ces excréments s’avère particulièrement bénéfique pour les espèces de graminées dans les communautés végétales. »
Cependant, le scientifique insiste sur le fait qu’aucun type d’excrétions ne peut être considéré comme universellement « meilleur » pour toute la flore : « L’impact des déjections sur les communautés végétales dépend de plusieurs facteurs, notamment des relations symbiotiques entre plantes et microbes propres à chaque espèce et des besoins nutritifs spécifiques des différentes plantes. Par exemple, les légumineuses, connues pour leur capacité à fixer l’azote, profitent davantage d’excréments dont le rapport azote/phosphore est plus faible, comme ceux du bison d’Europe ou du cheval. L’étude approfondit non seulement notre compréhension du rôle écologique des herbivores, mais elle met également en évidence la complexité de leur participation au cycle des nutriments dans les écosystèmes terrestres par le dépôt d’excréments. »
Réference:
Sun, X., Sitters, J., Ruytinx, J., Wassen, M. J., & Olde Venterink, H. (2024). Microbial community composition in the dung of five sympatric European herbivore species. Ecology and Evolution, 14, e11071. https://doi.org/10.1002/ece3.11071
Contact:
Xingzhao Sun: email xingzhao.sun@vub.ac.be, tel.+32 0494082100