Une équipe de la VUB met au point une technologie basée sur les nanocorps contre l’inflammation hépatique
Mathieu Vinken, professeur au laboratoire de toxicologie in vitro et de dermato-cosmétologie de la Vrije Universiteit Brussel, et Raf Van Campenhout, doctorant, ont développé une technique exploitant la technologie des nanocorps pour lutter contre l’inflammation du foie. Les nanocorps, ou « anticorps à domaine unique » sont des fragments d’anticorps qui peuvent se lier de façon sélective à un antigène précis. Faciles à produire et réagissant de façon très ciblée, ils sont déjà utilisés pour de nombreuses applications biotechnologiques, thérapeutiques et diagnostiques.
« Au cours d’une étude précédente financée par une Starting Grant (bourse de lancement) de l’ERC, mon équipe a découvert qu’un certain type de molécules, les pannexines, joue un rôle important dans des maladies inflammatoires spécifiques », explique le professeur. « Les pannexines sont des molécules tubulaires situées sur la membrane cellulaire. En l’absence de maladie, ces tubes sont fermés, mais dans le cas contraire, ils s’ouvrent et laissent passer de la matière, ce qui provoque une inflammation et finalement, la mort cellulaire. L’utilisation de nanocorps permet d’empêcher l’ouverture de ces tubes de pannexine et d’interrompre la réponse inflammatoire ».
Le chercheur a reçu un financement supplémentaire, une bourse Proof of Concept de l’ERC ainsi qu’une bourse de recherche du FWO (fonds pour la recherche scientifique en Flandre), afin de développer davantage la technologie à base de nanocorps. M. Vinken collabore avec le professeur Nick Devoogdt et le chercheur postdoctorant Timo De Groof du groupe de recherche Moleculaire Imaging en Therapie (imagerie et thérapie moléculaires) de la VUB. Tous les deux sont spécialisés dans la création et la visualisation des nanocorps. « L’histoire de la recherche sur les nanocorps à la VUB remonte à loin », indique le professeur Devoogdt. « Elle a commencé avec le professeur Raymond Hamers. En 1989, il a découvert avec son épouse Cécile Casterman et Serge Muyldemans que le sang des chameaux et des dromadaires contenait un type d’anticorps de plus petite taille. Cette découverte en a entraîné une série d’autres et a permis de mettre au point divers traitements novateurs. Les recherches de Mathieu Vinken nous ont permis de découvrir une nouvelle direction de recherche très prometteuse. Nous avons pu démontrer de façon concrète qu’en cas de surdose de paracétamol, la technologie recourant aux nanocorps fonctionne de façon bien plus efficace que le remède actuel, qui repose sur l’acétylcystéine. »
« Les nanocorps referment les pannexines avec une efficacité jamais vue », conclut Mathieu Vinken. Pour l’heure, les recherches ont été menées in vitro sur des souris. Lors d’une étape ultérieure, une étude clinique sera effectuée afin de mener des recherches sur les éventuels effets secondaires. À terme, le potentiel des nanocorps spécifiques à la pannexine pour traiter des maladies plus complexes en combinaison avec d’autres agents sera également étudié. Les découvertes ont été publiées le 11 octobre dans le Journal of Nanobiotechnology. L’équipe a également déposé une demande de brevet en vue de poursuivre le développement (commercial) de la technologie et d’attirer des investisseurs ou des partenaires commerciaux pour une collaboration.
Référence :
Van Campenhout, R., De Groof, T.W.M., Kadam, P. Brenda R. Kwak, Serge Muyldermans, Nick Devoogdt & Mathieu Vinken Nanobody-based pannexin1 channel inhibitors reduce inflammation in acute liver injury. J Nanobiotechnol 21, 371 (2023). https://doi.org/10.1186/s12951-023-02137-1
Contact :
Mathieu Vinken :
E-mail : mathieu.vinken@vub.be
Tél. : +32 2 477 45 87
Nick Devoogdt :
E-mail : ndevoogd@vub.be
Tél. : +32 2 477 49 91