Une base de données unique apporte un nouvel éclairage sur la survie à long terme du cancer du sein invasif
Comment les traitements et les conditions socio-économiques influencent-ils les chances de survie à long terme des femmes atteintes d’un cancer du sein ?
C’est l’une des questions centrales de la recherche doctorale d’Eva Kimpe, affiliée à l’Interuniversity Centre for Health Economics Research (I-CHER) et au Research Centre for Digital Medicine (Vrije Universiteit Brussel).
Pour cette recherche, Kimpe a pu relier trois bases de données nationales afin d’étudier les effets à long terme après un diagnostic de cancer du sein : le Belgian Cancer Registry (BCR), l’Agence Intermutualiste (IMA) et la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale (BCSS). Cet ensemble de données unique regroupe des informations sur les parcours médicaux, les coûts des soins, la situation socio-économique et le statut de survie de toutes les femmes belges diagnostiquées d’un cancer du sein en 2010. En combinant ces données, il a été possible de réaliser des analyses au niveau individuel plutôt que seulement sur la base de moyennes régionales ou d’estimations.
La question principale était de savoir dans quelle mesure les femmes, après leur traitement contre le cancer du sein, retrouvaient une espérance de vie comparable à celle de la population générale du même âge. Les résultats sont parlants. « L’âge au moment du diagnostic est un facteur important. Nous avons constaté que plus la femme est âgée au moment du diagnostic, moins il est probable que son espérance de vie rejoigne celle des femmes du même âge sans cancer du sein », explique Eva Kimpe. Le type de traitement joue également un rôle crucial. « Les femmes qui ont reçu à l’époque le “gold standard” — un parcours combinant chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie — sont celles qui ont le plus de chances de voir leur survie se rapprocher de celle de la population générale. » Les facteurs socio-économiques se sont révélés déterminants également. « Les femmes qui, au moment du diagnostic, bénéficiaient d’une intervention majorée — un indicateur de vulnérabilité financière — avaient moins de chances de retrouver une survie complète à long terme que les femmes sans ce statut », poursuit Eva Kimpe.
Cette recherche montre ainsi que les inégalités de santé continuent de jouer un rôle majeur dans les soins liés au cancer. « Nos résultats soulignent l’importance de maintenir une politique axée sur l’accessibilité des soins et sur des programmes de dépistage ciblés, afin que les femmes en situation de vulnérabilité soient diagnostiquées à temps et bénéficient de meilleures chances de guérison », déclare le Professeur Koen Putman.
« Nous devons toutefois souligner que ces résultats concernent les femmes diagnostiquées en 2010 », précise le Professeur Dr. Mark De Ridder. « De nouveaux traitements, comme l’immunothérapie et la radiothérapie de haute précision, auront sans aucun doute un impact à l’avenir », conclut le Prof. De Ridder.
Comme la base de données est continuellement mise à jour, il sera possible d’analyser également la survie à 15 et 20 ans.
Référence :
Eva Kimpe, Sven Van Laere, Sara-Lise Busschaert, Max Lelie, Ellen Tisseghem, Xavier Rygaert, Kurt Barbé, Pieter Cornu, Mark De Ridder, Koen Putman, Factors associated with long-term survival of invasive breast cancer patients in Belgium: a population-based cohort study, International Journal of Epidemiology, Volume 54, Issue 4, August 2025, dyaf123, https://doi.org/10.1093/ije/dyaf123
Contact:
Eva Kimpe: +32 494 70 15 47, Eva.Kimpe@vub.be
Prof. Dr. Koen Putman[i]: Koen.Putman@vub.be
Prof. Dr. Mark De Ridder [ii]: Mark.DeRidder@uzbrussel.be
[i] Professeur ordinaire en Health Services Research et Doyen de la Faculté de Médecine et Pharmacie
[ii] Professeur ordinaire en Radiothérapie à la Faculté de Médecine et Pharmacie et CEO de l’UZ Brussel