Un logiciel de la VUB permettant de récupérer des données météorologiques historiques reçoit la distinction TIME parmi les 400 Meilleures Inventions de 2025

Un logiciel de la VUB permettant de récupérer des données météorologiques historiques reçoit la distinction TIME parmi les 400 Meilleures Inventions de 2025

Bruxelles, le 10 octobre 2025 — Un outil révolutionnaire développé à la Vrije Universiteit Brussel (VUB) a été reconnu par TIME comme l'une des Meilleures Inventions Mention Spéciale de 2025. MeteoSaver, un logiciel basé sur l'IA créé par Derrick Muheki, chercheur à la VUB, a reçu une mention spéciale dans la liste annuelle de TIME des innovations les plus marquantes au monde. Plus tôt cette année, le journal scientifique Nature a également présenté les travaux de Muheki dans un article News. « C'est incroyable de voir ce genre de reconnaissance. Cela montre à quel point la technologie est importante pour nous aider à protéger l'histoire climatique de notre planète », déclare Muheki.

Derrick Muheki devant certaines des archives qu'il a numérisées pendant son séjour à la branche de Yangambi de l'Institut national de recherche agronomique (INERA) de la RDC, été 2023. Crédit photo : D. Muheki.
Derrick Muheki devant certaines des archives qu'il a numérisées pendant son séjour à la branche de Yangambi de l'Institut national de recherche agronomique (INERA) de la RDC, été 2023. Crédit photo : D. Muheki.

Notre compréhension du changement climatique dépend de la qualité des données. Or, pour de vastes régions du monde, en particulier dans les pays du Sud, les observations météorologiques fiables restent rares ou incomplètes. « En raison du manque d'information sur les températures passées, le cœur de la plus grande forêt d'Afrique est resté un angle mort dans le rapport 2021 du GIEC, qui évaluait la vitesse d'évolution et la gravité du réchauffement climatique dans le monde », explique le professeur Wim Thiery, climatologue au département Water and Climate de la VUB. « Il est essentiel de récupérer et de numériser ces informations si nous voulons disposer de modèles climatiques véritablement globaux et précis. »

Des registres manuscrits aux données numériques

C'est là qu'intervient MeteoSaver. Développé par Muheki, doctorant au sein du groupe bclimate dirigé par le professeur Thiery, ce logiciel utilise le machine learning (ou apprentissage informatique automatique) pour transcrire automatiquement des relevés météorologiques manuscrits en données numériques en quelques minutes. Il suffit de photographier un ancien registre météorologique pour que le programme traite l'image et génère des feuilles digitales structurées qui peuvent être analysées, partagées et stockées en toute sécurité. Il s'agit d'une étape essentielle pour préserver des données fragiles qui, sans cela, risqueraient d'être perdues à cause de l’usure, de possibles inondations ou incendies.

Travail de terrain au cœur du Bassin du Congo

Pour tester le système, Muheki s'est rendu à la branche Yangambi de l'Institut national de recherche agronomique (INERA) en République Démocratique du Congo (RDC) au cours de l'été 2023. Pendant deux mois, il a numérisé près de 9 000 pages de registres météorologiques historiques papiers, dont certains remontent aux années 1960, dans des conditions difficiles. Pour atteindre ce site isolé, il a fallu plusieurs vols, un voyage par bateau le long du fleuve Congo et des heures de moto sur des routes non goudronnées. L'électricité n'étant pas disponible, Muheki a emporté suffisamment de batteries rechargeables pour alimenter son équipement photographique pendant toute la durée de la campagne.

« En voyant à quel point ces archives papier étaient fragiles, j'ai pris conscience de l'urgence de ce travail. Quelques mois avant ma visite, une partie des archives avait été endommagée par un incendie. Nous aurions pu perdre des décennies de données irremplaçables », explique Muheki.
Quelques-uns des registres météorologiques manuscrits conservés dans les archives de l'INERA et numérisés par Derrick Muheki. Crédit photo : D. Muheki.
Quelques-uns des registres météorologiques manuscrits conservés dans les archives de l'INERA et numérisés par Derrick Muheki. Crédit photo : D. Muheki.

De retour à la VUB, Muheki a traité les photos à l'aide du logiciel MeteoSaver avec une précision supérieure à 90 %, un niveau comparable à celui de la transcription humaine et sans précédent pour des tableaux météorologiques manuscrits.

Impact scientifique et collaboration mondiale

Selon le professeur Thiery, MeteoSaver représente une nouvelle frontière dans les sciences du climat : « Les modèles climatiques ne sont performants que si la qualité des données que nous leur fournissons y est. Grâce à MeteoSaver, nous pouvons enfin combler les lacunes de données qui existaient depuis longtemps et améliorer notre compréhension du changement climatique régional, en particulier dans les zones qui ont été historiquement négligées ».

Le logiciel MeteoSaver est open source et peut être utilisé gratuitement par tout le monde dans le monde entier. Des partenariats se développent déjà avec de nombreux instituts, notamment l'Institut Royal Météorologique de Belgique (IRMB) et l'Université de Reading. L'Institut Royal Météorologique des Pays-Bas (KNMI) teste actuellement l'application de MeteoSaver aux archives historiques conservées dans ses locaux.

« En numérisant et en partageant ces archives, nous rendons effectivement des données précieuses aux pays dont elles proviennent et à la communauté scientifique mondiale. »

Après des mois passés à perfectionner et à entraîner les algorithmes d'IA qui composent son outil MeteoSaver, Muheki a réussi à le rendre compatible avec de nombreux styles d'écriture manuscrite, formats de papier et conditions de conservation des archives, ce qui rend son outil extrêmement robuste. « Il a fallu des mois pour que le logiciel fonctionne, notamment parce que ce type d'outils d'IA n'avait jamais été utilisé auparavant pour transcrire des données manuscrites tabulaires. Pensez à tous les styles d'écriture et à toutes les structures de tableaux que l'on peut retrouver dans des archives. Former le logiciel à reconnaître des centaines de styles d'écriture a été la partie la plus difficile. Mais maintenant, le logiciel fonctionne très bien et nous espérons appliquer MeteoSaver à de nombreuses autres archives historiques à travers le monde. Il y a tellement d'endroits où nous pourrions utiliser MeteoSaver ».

Muheki analyse actuellement plus de 900 000 observations météorologiques récemment numérisées provenant du Bassin du Congo afin de mieux comprendre comment les phénomènes météorologiques extrêmes locaux, tels que les sécheresses et les vagues de chaleur, ont évolué sous l'effet du changement climatique. « Ce qui est intéressant, c'est que nous serons en mesure de quantifier si et comment les événements extrêmes tels que les vagues de chaleur ou les sécheresses sévères qui se produisent aujourd'hui se sont intensifiés en raison du changement climatique induit par l'homme. La récupération de données à un niveau de qualité comme celui fourni par MeteoSaver permet de répondre à de nombreuses nouvelles questions intéressantes sur notre climat en pleine mutation, en particulier dans les pays du Sud », souligne Thiery.

En reconnaissance du développement de cet outil incroyable pour la récupération des données météorologiques historiques, TIME a sélectionné MeteoSaver de Muheki pour une Mention Spéciale dans son classement des Meilleures Inventions de 2025, le classant parmi les 100 Mentions Spéciales de l'année. « Je suis profondément reconnaissant de cette mention spéciale, car cela signifie que MeteoSaver gagnera en visibilité, ce qui nous aidera, ainsi que beaucoup d'autres, dans notre quête pour sauver des archives météorologiques essentielles à travers le monde. Même dans les pays du Nord, nous disposons d'archives incroyablement riches qui doivent encore être exploitées », conclut Muheki.

Information supplémentaires:

Nous tenons à souligner que ces résultats n'auraient pas été possibles sans la précieuse collaboration avec nos collègues de l'université de Gand, qui travaillent à Yangambi depuis des décennies et qui ont apporté leur expertise en matière d'exploration de textes, ainsi qu'avec notre partenaire local en RDC, l'INERA, qui ont consciencieusement recueilli les observations et les ont conservées pendant des décennies.


Contact :

 

Sam Jaspers
Sam Jaspers Medewerker persrelaties

 

 

 

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