Les réfugiés et les migrants peinent à trouver des soins de santé mentale adaptés en Belgique
Des chercheurs de la VUB contribuent à une plateforme européenne d'information visant à réduire les obstacles aux soins de santé mentale
Les réfugiés et les migrants présentent un risque accru de troubles psychiques tels que le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ou les psychoses, en raison des expériences souvent traumatisantes vécues avant, pendant et après leur parcours migratoire. Pourtant, beaucoup d'entre eux ont du mal à trouver en Belgique des soins de santé mentale (SSM) appropriés. Des chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) — Dr. Ily Hollebeke, Prof. Dr. Koen Kerremans, Prof. Dr. Antoon Cox et Chiara Rao — affiliés au Brussels Centre for Language Studies, participent au projet de recherche européen MentalHealth4All, qui vise à répondre à cette situation préoccupante.
Des recherches internationales montrent que les barrières linguistiques et culturelles constituent souvent des obstacles à l’accès à des services de SSM de qualité pour les migrants et les réfugiés. Les prestataires de soins ne comprennent pas toujours leurs patients — et inversement. Cela engendre de la frustration, des malentendus et des interruptions de traitement. De plus, les conceptions culturelles de la santé mentale et la manière dont le système de santé belge fonctionne donnent lieu à des incompréhensions. En Belgique, le médecin généraliste représente souvent la première porte d'entrée vers des soins plus spécialisés, mais ce n'est pas le cas dans tous les pays. Beaucoup de nouveaux arrivants ignorent où et comment chercher de l’aide. L’un des objectifs majeurs du projet est donc d'améliorer l’accès à l'information sur les services locaux de santé mentale.
Une difficulté supplémentaire réside dans la manière dont les troubles psychiques sont nommés et perçus. Dans de nombreuses cultures, la souffrance psychologique s’exprime au moyen de métaphores ou d’images corporelles, qui ne sont pas toujours claires pour les prestataires de soins. Un psychiatre a cité l’exemple d’un patient décrivant sa dépression comme « une pierre chaude dans sa tête ».
Pour faire face à ces obstacles, les chercheurs de la VUB ont contribué au projet européen MentalHealth4All, une collaboration entre 13 partenaires issus de 9 pays. Le fruit de ce travail est une plateforme numérique multilingue, en accès libre, destinée à soutenir tant les professionnels de santé que les migrants et réfugiés. La plateforme contient des outils pratiques, des vidéos éducatives sur la santé mentale, et une base de données open-access complète, traduite dans plusieurs langues.
Les vidéos à destination des professionnels ont été développées par les chercheurs de la VUB en collaboration avec différents prestataires de soins (tels que médecins généralistes, urgentistes, psychologues, travailleurs sociaux…) et des médiateurs interculturels, en Belgique et à l’étranger. Ce processus de co-création a donné lieu à dix vidéos portant sur divers sujets, tels que la gestion des différences culturelles, la reconnaissance des troubles psychiques et le travail avec des interprètes. Ces vidéos ne visent pas uniquement à informer les professionnels, mais servent également d’outil d’autoréflexion.
« Tant les migrants que les prestataires de soins considèrent la plateforme comme précieuse », déclare Koen Kerremans. « Mais il reste du travail. Nous continuons à l’améliorer sur la base des retours reçus et œuvrons à son intégration dans les structures nationales de soins. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons instaurer un changement durable à long terme. »
Les besoins en matière de santé mentale des migrants ne se limitent cependant pas à la Belgique. Dans toute l’UE, les systèmes de santé sont confrontés à des défis similaires. C’est pourquoi la plateforme MentalHealth4All a été conçue dès le départ comme un outil européen : multilingue, culturellement diversifié, et accessible librement via www.mentalhealth4all.eu. On estime qu’environ 84 millions de personnes souffrent de troubles psychiques dans l’Union européenne — un soutien supplémentaire pour les groupes vulnérables n’est donc pas un luxe superflu.
Contact:
Ily Hollebeke: Ily.hollebeke@vub.be +32 495 568 643
Koen Kerremans
Anton Cox
Chiara Rao