Le réchauffement climatique menace le lac Tanganyika en Afrique de l'Est

Le réchauffement climatique menace le lac Tanganyika en Afrique de l'Est

Une étude menée par la Vrije Universiteit Brussel et l'UC Louvain mettent en garde contre les conséquences qu’aurait le réchauffement climatique sur les écosystèmes fragiles de l'un des plus grands lacs d'Afrique. Dans un lac comme le lac Tanganyika, un réchauffement de l’eau de quelques degrés peut déséquilibrer l'écosystème et avoir un impact majeur sur les habitats locaux.

« Pour notre étude, nous avons combiné le modèle hydrodynamique en trois dimensions du lac Tanganyika, SLIM-3D, une expertise du groupe de recherche du professeur Eric Deleersnijder de l'UC Louvain, à notre propre expertise de la VUB sur la modélisation du climat », explique l’auteur principal de la recherche, Kevin Sterckx (département d'hydrologie et d'ingénierie hydraulique de la VUB). « Nos modèles nous permettent de prévoir que, dans les conditions d'un scénario pessimiste en matière d’émissions, l’eau du Tanganyika se sera réchauffée de trois degrés Celsius d'ici la fin du siècle. C'est un constat très inquiétant. »

Ce réchauffement devrait bouleverser le régime de mélange de la colonne d'eau, c'est-à-dire les courants verticaux naturels qui traversent la grande étendue d'eau et transportent l'eau plus froide des profondeurs du lac vers sa surface. « Si l'eau de la surface devient trop chaude, elle ne redescendra plus », déclare Wim Thiery, professeur à la VUB. « Cette stagnation aura des conséquences considérables sur la présence des nutriments dans l'eau et, en fin de compte, sur l'ensemble de la chaîne alimentaire qu’abrite un lac de cette dimension. Un manque de nutriments menacerait la croissance du phytoplancton et, par conséquent, celle du zooplancton et des organismes plus grands, comme les poissons, dont il constitue l’alimentation. Le plancton se nourrit de nutriments qui se développent mieux dans les couches d'eau en mélange constant. Si la dynamique verticale de l'eau est perturbée, le reste de l'écosystème le sera également. De plus, le réchauffement de l’eau entraînerait le dépassement des marges de température liées à l'« habitat thermique », ce qui menacerait directement la survie de certaines espèces. »

Cela concerne principalement les très grands lacs tropicaux tels que le lac Tanganyika, un lac gigantesque qui s'étend sur 673 kilomètres du nord au sud et sur 50 kilomètres en moyenne d’est en ouest. Le lac chevauche les frontières terrestres entre le Burundi, la Tanzanie et la République démocratique du Congo, ces deux derniers pays abritant respectivement 41 et 45 % du lac sur leur territoire. Comptant près de 19 000 kilomètres cubes d’eau, le lac Tanganyika est le lac le plus profond d'Afrique et est le deuxième plus grand réservoir d'eau douce au monde après le lac Baïkal en Sibérie. À son point le plus bas, il atteint près d'un kilomètre et demi de profondeur et couvre une superficie de pas moins de 33 000 kilomètres carrés, soit environ l’équivalent de la Belgique.

« Les grands lacs des régions tropicales sont impuissants face à un tel scénario de réchauffement », conclut M. Sterckx. « C'est un peu différent dans le cas des grands lacs des régions tempérées, où il peut geler en hiver et où peut parfois se former une épaisse couche de glace sur la surface de l’eau. Pour ces grands lacs tropicaux, la stagnation des couches d’eau menace de provoquer la dégénérescence de l'ensemble de l'écosystème, non seulement dans le lac, mais également sur ses rives, où de nombreux animaux et autant de personnes vivent de la vie qu'abrite le lac. »

L'étude internationale, intitulée « The impact of seasonal variability and climate change on lake Tanganyika's hydrodynamics », a été publiée dans la revue scientifique Environmental Fluid Mechanics. Des scientifiques issus de Belgique, des Pays-Bas et de Nouvelle-Zélande y ont contribué.

Plus d’informations

Professeur Wim Thiery : +32 485 70 80 18

Plus d'informations sur la modélisation 3D SLIM : www.slim-ocean.be

Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg
Piet Verburg

 

 

 

 

 

WE
A propos de Press - Vrije Universiteit Brussel

Press - Vrije Universiteit Brussel
Pleinlaan 2
1050 Brussel