L’analyse avec l’IA révèle une plus grande diversité de dinosaures carnivores au Crétacé au Maroc

L’analyse avec l’IA révèle une plus grande diversité de dinosaures carnivores au Crétacé au Maroc

Une équipe internationale de paléontologues issus de l’université d’Utrecht, du Natural History Museum de Londres, de l’Instituto Miguel Lillo à Tucuman en Argentine, du musée de paléontologie de Munich et de la Vrije Universiteit Brussel a utilisé une nouvelle méthode basée sur l’IA pour mesurer la diversité des espèces de dinosaures théropodes (carnivores) enfouies dans les célèbres sédiments crétacés (~100 millions d’années) des Kem Kem au Maroc. En combinant les techniques phylogénétiques et statistiques traditionnelles avec l’apprentissage automatique pour identifier des dents isolées, ils ont pu mettre en évidence une espèce qui n’avait pas encore été trouvée dans cette région.

Les Kem Kem sont un site très riche en fossiles datant du Crétacé inférieur (remontant à environ 100 millions d’années) et situé à la frontière entre le Maroc et l’Algérie. C’est l’un des rares endroits au monde où un écosystème fluvial relativement complet du début du Crétacé est préservé. Outre de très nombreux théropodes, la zone abritait également des dinosauriens sauropodes (à long cou) ainsi qu’un autre type d’herbivore. « Les restes pétrifiés dans les sédiments se limitent souvent uniquement à des dents. À côté de ça, il ne reste que très peu de traces de ces animaux, si bien que nous devons souvent deviner quel dinosaure nous a légué ces dents », explique Femke Holwerda, de l’université d’Utrecht. Parmi celles examinées, certaines appartenaient aux emblématiques Spinosaurus et Carcharodontosaurus, célèbres pour leur apparition dans les films Jurassic. Outre ces dents facilement reconnaissables, quelques « dents mystérieuses » ont également été analysées. Celles-ci étaient précédemment attribuées à des dromaeosauridés (du type du raptor).

Carte situation du site Kem Kem au Maroc © Hendrickx et al. 2024
Carte situation du site Kem Kem au Maroc © Hendrickx et al. 2024
Des dents typiques du site Kem Kem: gauche Charcharadontosaurus, droite Spinosaurus                     © Koen Stein
Des dents typiques du site Kem Kem: gauche Charcharadontosaurus, droite Spinosaurus ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ ​ © Koen Stein

« Nous avons fait appel à un algorithme d’apprentissage automatique pour traiter les caractéristiques des dents de différentes espèces de dinosaures, afin de nous aider à faire le tri parmi les espèces dans l’ensemble des dents examinées », explique Simon Wills, du Natural History Museum. « Nous avons découvert par là que les deux morphotypes de dents mystérieux n’appartenaient pas à des dinosaures de type raptor, mais plutôt à des Abelisauridae (ancètres éloignés de Tyrannosaurus), et à un groupe appelé Noasauridae, qui est très rare au Maroc », poursuit le chercheur. Les Noasauridés sont de petits théropodes particuliers au long cou, dont on ne retrouve que quelques ossements isolés dans les Kem Kem. « Ces dents se trouvaient dans une collection de musée depuis des décennies, mais cette nouvelle combinaison de techniques leur a insufflé une nouvelle vie. Il est très intéressant de constater que les noasauridés arpentaient rarement les Kem Kem. Avec les méthodes traditionnelles, les découvertes isolées de dents de ces petits théropodes étaient passées inaperçues », ajoute Femke Holwerda. Cela montre que la nouvelle combinaison de méthodes est beaucoup plus précise. « Les résultats sont également prometteurs pour la recherche sur la biodiversité d’autres dinosauriens, tels que les sauropodes (dinosaures au long cou), qui sont encore plus rares dans les sédiments des Kem Kem. », déclare Koen Stein, de la Vrije Universiteit Brussel. « L’IA est omniprésente de nos jours. Il est logique que nous l’exploitions également en paléontologie et dans les sciences naturelles en général. Elle s’avère être un outil utile pour affiner nos méthodes de recherche et, en fin de compte, nous faire une idée plus précise de la biodiversité d’autrefois », conclut-il.

Divers types de dents et les dinosaures auxquels elles appartiennent © Joshua Knüppe
Divers types de dents et les dinosaures auxquels elles appartiennent © Joshua Knüppe

Référence :

Christophe Hendrickx, Thomas H. Trapman, Simon Wills, Femke M. Holwerda, Koen H.W. Stein, Oliver W.M. Rauhut, Roland R. Melzer, Jeroen van Woensel and Jelle W.F. Reumer, ‘A combined approach to identify isolated theropod teeth from the Cenomanian Kem Kem group of Morocco: cladistic, discriminant, and machine learning analyses’, Journal of Vertebrate Paleontology, DOI: https://doi.org/10.1080/02724634.2024.2311791


Contact :

Femke Holwerda : [email protected]

Koen Stein : [email protected]

Simon Wills : [email protected]

 

Communiqué de presse envoyé conjointement avec l'Université d'Utrecht et le Musée d'Histoire Naturelle.

Koen Stein
Koen Stein Perscontact wetenschap & innovatie

 

 

WE
A propos de Press - Vrije Universiteit Brussel

Press - Vrije Universiteit Brussel
Pleinlaan 2
1050 Brussel