Il n’y a pas de place pour les fausses informations et les faits alternatifs dans le débat sur l’avortement

Il n’y a pas de place pour les fausses informations et les faits alternatifs dans le débat sur l’avortement

Article d'opinion Vrije Universiteit Brussel (em. professeur Jean-Jacques Amy, recteur Jan Danckaert, professeur Dirk Devroey et gynécologue Anne Verougstraete) publié via De Standaard (26 avril 2023)

Mercredi 26 Avril 2023 - Pionnière dans la lutte pour l’autodétermination des femmes sur leur corps et la dépénalisation de l’avortement, la Vrije Universiteit Brussel veut faire entendre sa voix dans le débat sur le délai d’attente et le terme de l’interruption de grossesse.

La VUB, avec son université sœur l’ULB, font campagne pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse depuis les années 1970. Des défenseurs tels que Willy Peers, Pierre-Olivier Hubinont et Jean-Jacques Amy ont été parmi de nombreux autres acteurs de la santé, actifs dans les hôpitaux universitaires de la VUB et de l’ULB et dans les centres de planning familial, où l’avortement était pratiqué dans des conditions optimales. En 2015, la VUB a décerné un doctorat honorifique à Willy Peers et Lucie Van Crombrugge pour leurs efforts en vue de l’adoption de la loi belge de 1990 dépénalisant partiellement l’interruption volontaire de grossesse.

Nous participons donc résolument au débat actuel sur l’avortement, dans cette perspective historique et en tant qu’institution scientifique, de recherche et d’éducation, et nous défendons l’importance de la compréhension scientifique et des informations recueillies dans le cadre d’une recherche multidisciplinaire de grande qualité. Nous soutenons pleinement l’initiative parlementaire visant à assouplir la législation sur l’avortement sur la base du rapport d’experts fondé sur des données scientifiques et récemment publié par le « Comité interuniversitaire, multidisciplinaire et indépendant chargé d’étudier et d’évaluer les pratiques et la législation en matière d’interruption volontaire de grossesse ». Ce groupe d’experts académiques a été nommé par les recteurs des sept universités belges. Leur rapport s’appuie sur plus d’un an de travail des sept experts, assistés de 28 collègues répartis en quatre groupes de travail. Il s’agit de 17 médecins, dont 13 gynécologues, 4 juristes, 6 psychologues et 8 experts en philosophie ou en sciences sociales. Ils représentent le consensus scientifique sur cette initiative qui actualise et renforce le droit fondamental des femmes à l’autodétermination dans le domaine de la procréation.

Il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec cette initiative législative, car chacun a droit à une liberté d’expression illimitée. Toutefois, elle ne doit pas être éclipsée par l’utilisation de faux arguments pour défendre des positions idéologiques ou politiques.

Cela nous déçoit chaque fois quand de fausses données sont invoquées dans le débat. Surtout si elles sont utilisées pour manipuler ou tromper l’opinion publique. C’est malheureusement bien le cas aujourd’hui. C’est ainsi que nous avons lu dans la presse des affirmations totalement erronées sur les conclusions des experts universitaires. Affirmer que les hôpitaux vendent des tissus embryonnaires à l’industrie pharmaceutique relève du fantasme. Il en va de même pour les affirmations selon lesquelles « la Belgique reconnaît le droit de succession d’un enfant [sic!] dès le moment de sa conception » ; que pour interrompre une grossesse après 14 semaines, il faut insérer un « trocart » [sic!] ou une broche métallique « dans le cou et la tête », par analogie avec « une technique utilisée en médecine abdominale » [sic!] ; que la recherche sur un « utérus artificiel » ajoute une dimension entièrement nouvelle au débat sur l’avortement ; qu’il existe « des preuves dans la littérature scientifique selon lesquelles la perception de la douleur se produit dès le début du deuxième trimestre », ce qui signifie que « théoriquement, le fœtus peut ressentir plus de douleur qu’un nouveau-né [sic!] ». Aucune de ces affirmations ne correspond à la réalité.

Les fausses informations et les faits alternatifs, diffusés avec empressement et de manière non nuancée via les réseaux sociaux, ont des conséquences désastreuses. Chacun a pu observer le caractère pervers des fausses informations dans d’autres débats sociaux et politiques de ces dernières années. La diffusion délibérée de ces fausses informations est une chose que nous trouvons déplorable et qui devrait être pointée du doigt. En effet, dans ce dossier, la diffusion de tels faits erronés entrave la conduite d’un débat honnête et objectif sur l’interruption de grossesse. En tant qu’humanistes, nous devons rester attentifs à la propagation de la désinformation et au mépris de la science fondée sur des preuves. Nous devons être conscients de la fragmentation progressive de la société et rester attachés à un monde fondé sur la science et les droits universels. Le recul radical du droit à l’avortement aux États-Unis nous rappelle que les droits des femmes ne sont jamais acquis pour toujours. Nous sommes également préoccupés par la situation des droits de l’homme plus près de chez nous, comme en Pologne et en Hongrie. Nous appelons donc à ce que le débat soit mené avec les bons arguments et la sérénité qui s’imposent.

Chaque femme doit avoir le droit de décision sur son corps et son destin. Cela ne signifie pas que nous nions le côté éthique de l’interruption de grossesse. Un équilibre doit toujours être trouvé entre le droit de la femme à disposer de son corps et la protection du fœtus. Et c’est exactement ce qu’a fait le Comité interuniversitaire, avec une évaluation scientifique approfondie sur le terrain, plus de 30 ans après la loi Lallemand-Michielsens. La législation autour de l’avortement doit être modifiée maintenant.

  • Jean-Jacques Amy, professeur émérite, VUB
  • Jan Danckaert, recteur de la VUB
  • Dirk Devroey, doyen de la faculté de médecine et de pharmacie, VUB
  • Anne Verougstraete, gynécologue, VUB-Dilemma
Nathalie Vlaemynck
Nathalie Vlaemynck Woordvoerder en algemeen perscontact

 

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