Des chercheurs de la VUB décryptent l'empreinte de l'astéroïde qui a scellé le sort des dinosaures
Une équipe de géoscientifiques, dont des membres de l'unité de recherche Archéologie, Changements environnementaux et Géochimie (AMGC) de la Vrije Universiteit Brussel, a étudié les traces de l'impact de l'astéroïde qui a provoqué l'extinction des dinosaures à la limite Crétacé-Paléogène, il y a 66 millions d'années.
L'équipe a examiné des échantillons de la couche limite Crétacé-Paléogène qui marque l'extinction de 70 % de toutes les espèces qui existaient à l'époque, y compris les dinosaures. Selon la théorie largement acceptée, l'extinction massive à la fin du Crétacé a été provoquée par l'impact sur Terre d'un astéroïde de plus de 10 km de diamètre, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la ville de Chicxulub (Mexique). L'astéroïde lui-même et d'énormes quantités de roches cibles terrestres ont été totalement pulvérisés et vaporisés par affinité en raison de l'énergie cinétique libérée lors de l'impact. De fines particules de poussière se sont répandues tout autour du globe et dans la stratosphère provoquant une réduction de la lumière solaire et un arrêt de la photosynthèse pendant plusieurs années. Ce qui a entraîné des changements spectaculaires pour l'habitabilité de la Terre. Pendant des années, la source et l'origine du projectile au sein du système solaire sont restées une question très débattue dans la communauté scientifique.
Les particules de poussière produites par l'impact se sont déposées à travers le monde dans une couche d'argile représentant la limite entre le Crétacé et le Paléogène (K-Pg).
La couche limite K-Pg est exposée à de nombreux endroits sur Terre et est bien connue pour ses concentrations élevées d'éléments du groupe du platine (osmium, iridium, ruthénium, platine, rhodium, palladium). L'enrichissement de l'argile provient de l'astéroïde vaporisé, car ces éléments sont généralement extrêmement rares dans les roches de la croûte terrestre.
En étudiant la composition isotopique du ruthénium, un métal du groupe du platine, dans des échantillons de la couche limite K-Pg, l’équipe de chercheurs montre que l’astéroïde impacteur de Chicxulub s’est formé à l’origine dans le système solaire externe. « Nous avons découvert que la composition de l’astéroïde qui a percuté Chicxulub est la même que celle des météorites carbonées, qui sont des fragments d’astéroïdes carbonés (de type C) qui se sont formés à l’origine au-delà de l’orbite de Jupiter », explique Steven Goderis, l’un des auteurs de l’étude.
À titre de comparaison, l’équipe a également analysé les compositions isotopiques du ruthénium d’autres cratères terrestres et couches d’éjectas d’âges divers prélevés dans les archives géologiques. Ces données montrent qu’au cours des 500 derniers millions d’années, les compositions dominantes des corps ayant percuté la Terre étaient des fragments d’astéroïdes pierreux (de type S). Contrairement à l’impact d’astéroïdes de type C à la limite K-Pg, ces astéroïdes de type S se sont formés dans le système solaire interne. En effet, environ 80 % des météorites qui frappent la Terre proviennent d’astéroïdes de type S. Philippe Claeys, un autre coauteur de l’étude, ajoute : « Nos résultats montrent que l’impact d’un astéroïde de type C tel que l’impacteur de Chicxulub semble être un événement rare et jusqu’à présent unique dans l’histoire géologique, avec un projectile provenant des confins du système solaire et scellant définitivement et pour toujours le sort des dinosaures. »
L'étude a été publiée le 15 août 2024 dans la revue scientifique Science.
Contacte :
Prof Dr Steven Goderis Steven.Goderis@vub.be
Prof Dr Philippe Claeys phclaeys@vub.be
Tel non disponible auprès de la rédaction
AMGC, Université libre de Bruxelles
https://amgc.research.vub.be/